思考の屑篭

Il est, en effet, une assimilation presque directe qui paraît possible entre l’espace et le langage : c’est celle du parcours et de l’énoncé, de l’itinéraire et du discours. On retrouve en cela le récit de voyage sous la forme du frayage de l’espace inconnu par de nouvelles routes et du traçage de la carte par l’inscription du trait sur le blanc de la page, sur le vide de la terra incognita. Il en serait de même avec le plan de ville et la carte de géographie. Elle est d’abord un itinéraire avec ses étapes, c’est-à-dire l’énoncé d’un récit avec la scansion de ses séquences et de ses segments narratifs, par les points de repos, villes et caravansérails, les obstacles, montagnes ou rivières à franchir, les lieux où le voyageur reçoit ses qualifications héroïques ou religieuse, sanctuaires fameux, etc.
(Louis Marin, Utopiques : jeux d’espaces, Paris : Minuit, 1973, p. 261.)